Domotique : Partie 7 – Détection de présence grâce au wifi de son téléphone

Cet article fait partie de la série Domotique (18 articles au total)

Un nouvel article domotique aujourd’hui où on ne manipulera pas de matériel ! Ce que je vous propose c’est d’utiliser le smartphone au fond de votre poche pour que votre système domotique prenne conscience de votre présence. Ici pas de détecteur de mouvement, pas de caméra IP, seul votre beau téléphone est nécessaire. A l’heure où j’écris ces lignes, cette astuce ne marche pas avec les iPhones mais promis je vous cherche une alternative ;)

Cet article fait partie d’une série dédiée à la domotique dont vous pourrez trouver le sommaire au bas de cet article.

Le principe de base

Sur mon smartphone, le wifi est toujours allumé. Au grès de mes déplacements, mon téléphone se connectera chez moi, à mon travail, chez certains de mes amis, etc… Étant donné que le wifi a une portée (dans le meilleur des cas) maximale de 100 mètres, on peut donc supposer que si on est connecté à son wifi domestique, alors on peut considérer que l’on est chez soi. Le tuto du jour vous montrera donc comment faire pour que Domoticz vérifie régulièrement si votre téléphone est connecté au wifi ou pas.

Quel intérêt que Domoticz sache si on est là ou pas ?

Cela permet tout simplement de mettre en scène des scénarios plus ou moins complexes pour par exemple :

  • Diminuer le chauffage quand personne n’est à la maison
  • Éteindre les lumières oubliées lors du départ des occupants
  • Simuler une présence à domicile quand personne n’est là
  • Etc…

La mise en œuvre

Pour mettre cette mécanique en œuvre, voici le scénario que nous allons suivre aujourd’hui :

  1. Créer un interrupteur virtuel qui indiquera si oui ou non quelqu’un est présent au domicile
  2. Créer un script qui modifiera l’état de l’interrupteur virtuel en fonction de la présence du téléphone sur le réseau wifi

Les captures d’écrans et les explications sont faites à partir de la version V2.2151 de Domoticz, affichée en anglais.

 1. Création de l’interrupteur virtuel

C’est la première étape, on va créer l’interrupteur qui matérialisera la présence à domicile. Pour cela rien de très compliqué ! Dans Setup > Hardware, cliquer sur le bouton « Create Virtual Sensor » sur le device « Dummy » (si vous ne l’avez pas, ajoutez le via le menu déroulant).

Création de l'interrupteur virtuel
Création de l’interrupteur virtuel
Sélectionnez le type « Switch« 
Sélection du type "Switch"
Sélection du type « Switch »

Après avoir cliqué sur OK, le périphérique sera visible dans l’onglet Setup > Devices où il faudra cliquer sur la petite flèche verte associée.

02_Ajout_interrupteur
On retrouve notre nouvel interrupteur rattaché au matériel « Dummy »

Choisissez lui un petit nom, dans mon cas « Presence » (oui j’ai peur des accents, c’est mon instinct de développeur qui me pousse à les fuir ;) Votre magnifique interrupteur apparaitra alors dans l’onglet « Switches ». Pour des raisons d’esthétisme, j’ai choisi d’en changer le type en « Motion Sensor » et de l’afficher sur mon Dashboard (c’est purement facultatif bien entendu). Voici ce que cela donne :

Mon interrupteur virtuel "Presence" maquillé en capteur de mouvement
Mon interrupteur virtuel « Presence » maquillé en capteur de mouvement

Il va maintenant falloir passer aux choses sérieuses : le script qui va altérer l’état de cet interrupteur.

2. Création du script

Le rôle de ce script est assez simple : exécuté périodiquement, il va essayer de joindre le (ou les) smartphone(s) du foyer. S’il y parvient, il bascule l’interrupteur virtuel à « On » et ne vérifiera que 10 minutes plus tard si le téléphone est toujours là. Si aucun smartphone n’est détecté, le script bascule l’interrupteur virtuel à « Off » et attendra 1 minute avant d’essayer de joindre à nouveau le(s) smartphone(s).

Pré-requis : connaitre l’adresse IP de son téléphone. Si vous ne l’avez pas déjà fait, je vous conseille de paramétrer votre box/routeur pour que cette adresse IP ne change jamais . Elle est généralement de la forme 192.168.xxx.yyy. Dans mon exemple, le script est paramétré pour 2 téléphones.

Le script doit être placé dans le répertoire scripts/lua de Domoticz. Le fichier du script doit obligatoirement commencer par « script_time_ » et porter l’extension « .lua« . J’ai par exemple nommé le mien « script_time_presence.lua« . Voici le contenu du script :

-- Alexandre DUBOIS - 2014
-- Ce script vérifie la présence de 2 téléphones sur le réseau pour savoir si quelqu'un est là.
-- La vérification est effectuée une fois par minute tant qu'aucun téléphone n'est à portée,
-- puis une fois toute les 10 minutes quand au moins un téléphone est connecté pour ne pas trop stresser sa batterie.

commandArray = {}

--Cette fonction calcule la différence de temps (en secondes) entre maintenant
--et la date passée en paramètre.
function timedifference (s)
  year = string.sub(s, 1, 4)
  month = string.sub(s, 6, 7)
  day = string.sub(s, 9, 10)
  hour = string.sub(s, 12, 13)
  minutes = string.sub(s, 15, 16)
  seconds = string.sub(s, 18, 19)
  t1 = os.time()
  t2 = os.time{year=year, month=month, day=day, hour=hour, min=minutes, sec=seconds}
  difference = os.difftime (t1, t2)
  return difference
end

--Si le téléphone n'est pas détecté ou qu'il est présent depuis plus de 10 minutes (600 secondes),
--alors on vérifie à nouveau sa présence
if (otherdevices['Presence']=='Off' or (otherdevices['Presence']=='On' and timedifference(otherdevices_lastupdate['Presence']) > 600)) then
	ping_success_tel1=os.execute('ping -c1 192.168.1.20')
	ping_success_tel2=os.execute('ping -c1 192.168.1.21')
	
	if ping_success_tel1 or ping_success_tel2 then
	  commandArray['Presence']='On'
	else
	  if otherdevices['Presence']=='On' then --On ne passe l'interrupteur virtuel à Off que s'il est sur On.
             commandArray['Presence']='Off'
          end
	end
end

return commandArray

Bien sûr il faudra remplacer les adresses IP ligne 26 et 27 de mon script par celles de vos appareils :)

Un cas pratique : simulation de présence en cas d’absence

Histoire d’illustrer l’intérêt de ce « détecteur de présence », voici une implémentation d’un scénario de simulation de présence. Celui-ci n’est pas très évolué mais il « fait le boulot ». Grossièrement : si personne n’est à domicile et que nous somme samedi, on allume les lampadaires du salon vers le crépuscule et on les éteint aux alentours de 23h30 (à chaque fois, on spécifie une fourchette de 15 minutes pour chaque changement d’état).

J’ai utilisé le créateur de scénarios qui est disponible dans le menu via : Setup > More Options > Events

Celui-ci permet de « programmer » sans avoir à écrire de code informatique. On assemble simplement des briques pour indiquer les conditions à tester et actions à effectuer. Une fois terminée, cela donne ça :

Scénario de simulation de présence
Scénario de simulation de présence

Libre à vous de l’adapter ensuite à vos besoins :)

Les limites du système

Cela fait plusieurs mois que j’utilise cette méthode et je suis étonné par sa fiabilité. Cependant quelques ombres au tableau subsistent ! Les iPhones coupent automatiquement leur wifi dès que l’écran s’éteint, ce qui empêche d’utiliser cette astuce. D’autres smartphones font probablement de même ! Qui plus est, ceci fonctionne si chaque habitant de la maison possède un smartphone, ce qui ne sera pas forcément le cas. Enfin, nos beaux terminaux ont un point faible : leur batterie. Attention donc aux scénarios que vous programmez derrière, en cas de panne de batterie vous pourriez avoir de mauvaises surprises !

 

Domotique : Partie 6 – Suivre sa consommation d’électricité

Cet article fait partie de la série Domotique (18 articles au total)

Avec le changement d’heure et le temps qui se rafraîchit, la France s’apprête à rentrer dans la période la plus énergivore de l’année en terme d’électricité. Aujourd’hui je vous propose donc un moyen simple et peu cher de garder un œil sur votre consommation électrique ! Quel intérêt ? Tout simplement, le fait de voir l’impact de votre mode de vie sur votre consommation d’énergie, premier pas pour réaliser des économies dans ce domaine !

Cet article fait partie d’une série dédiée à la domotique dont vous pourrez trouver le sommaire au bas de cet article.

A qui s’adresse cet article ?

Contrairement aux autres articles de ma série domotique, vous pourrez mettre en application ces informations même si vous n’avez pas de système domotique. En fait le tuto du jour pourrait même être la première pierre de votre future solution domotique ! Bien entendu, pour ceux qui utilisent déjà Domoticz et le RFXCom, vous pourrez aller encore plus loin comme vous le verrez en fin d’article :)

Contrairement aux solutions à base de téléinfo, le type de compteur n’a pas d’importance ici (et oui, que vous ayez un compteur Linky ou un modèle plus ancien avec la roue dentée qui tourne, vous pourrez appliquer cet article chez vous).

La liste des courses

Aujourd’hui on fait dans le simple, on n’aura besoin que d’un seul nouveau jouet. Il s’agit d’un système de suivi d’énergie composé de 2 parties : un petit boitier autonome que l’on va placer près du tableau électrique, et un écran sans fil qui vous permettra de suivre votre consommation d’énergie et les dépenses associées.

J’ai choisi de tester un modèle relativement simple mais qui chez moi fait le boulot : le OWL micro+ cm180. Ce modèle gère les installations électriques classiques (monophasé, avec jusqu’à 3 plages horaires de tarifications différentes). Si votre installation électrique est plus complexe (triphasé par exemple), ou que vous souhaitez envoyer vos données vers un ordinateur ou dans le cloud, d’autres modèles sont disponibles chez OWL et s’utilisent à peu près de la même manière.

Le kit de suivi de consommation électrique CM180 de chez OWL
Le kit de suivi de consommation électrique CM180 de chez OWL

Déballage de l’appareil

Le CM180 tout juste déballé, voici ce que vous devriez obtenir :

CM180 Déballé. A gauche, l'émetteur avec sa pince ampèremétrique. A droite le récepteur/écran.
CM180 Déballé. A gauche, l’émetteur avec sa pince ampèremétrique. A droite le récepteur/écran.

On retrouve la pince ampèremétrique avec son boitier (émetteur), ainsi que l’écran de suivi (récepteur). Les piles pour alimenter tout ce petit monde sont également fournies.

Installation

Attention pour l’installation : ça n’est pas compliqué, mais comme il faut travailler à proximité de courant fort, mieux vaut travailler avec le compteur électrique coupé !

La procédure est détaillée dans le manuel (je vous en mets une copie ici), et on est guidé pour :

  • configurer l’écran de suivi(et notamment le type de tarification : heures pleines/heures creuses dans mon cas)
  • réaliser l’association entre l’émetteur et le récepteur
  • installer la pince ampèremétrique

Pour ceux qui se demandent comment cela fonctionne, c’est la pince ampèremétrique qui est positionnée sur le câble de phase entre votre compteur et votre tableau électrique. Cette pince est capable de mesurer l’intensité du courant qui passe dans le câble de phase et donc d’en déduire les kilowattheures consommés. Ces informations sont transmises à l’écran de suivi qui en fonction de la plage horaire saura le tarif à appliquer.

owl-sensor-installation-ilustration
La pince ampèremétrique du CM180 est à positionner sur le câble de phase, entre votre compteur EDF et votre tableau électrique.

Que peut-on faire avec le CM180 ?

Une fois l’heure et votre tarif réglé sur le l’écran, celui-ci va vous remonter votre consommation de la journée en kwh et en euros. Il est possible de se fixer des objectifs à ne pas dépasser, de comparer le jour actuel aux jours passés, la semaine courante avec la semaine précédente, et même chose avec le mois. Tout ça fonctionne tout seul et s’utilise plutôt simplement.

Quelle intégration possible dans Domoticz ?

Si vous avez la chance de posséder le même système que moi les choses vont devenir encore plus intéressantes car vous allez pouvoir récupérer les valeurs du CM180 dans Domoticz et visualiser tout cela avec des graphes plutôt explicites !

En fait, dès que vous avez mis en service le CM180, il y a de bonnes chances que votre RFXCom le repère et vous l’affiche dans la liste des périphériques avoisinants (onglet Configuration/Dispositif). Si ça n’est pas le cas (ce fut mon cas !), il vous faudra certainement mettre à jour le Firmware de votre RFXCom. Pour moi tout est rentré dans l’ordre après ça.

Comme d’habitude, on clique sur la petite flèche verte et on choisit un nom qui vous permettra ensuite de retrouver ce compteur de consommation dans l’onglet « Mesures ». Voici ensuite ce que l’on peut visionner depuis le tableaux de bord :

Variation de consommation en temps réel (Facile de repérer dessus les appareils énergivores)

Dans les appareils énergivores, on oublie souvent le petit électroménager (micro-onde, bouilloire, grille pain...)
Dans les appareils énergivores, on oublie souvent le petit électroménager (micro-onde, bouilloire, grille pain…)

Cumul de chaque jour sur une semaine

Ici on voit facilement si la consommation est homogène en fonction des journées
Ici on voit facilement si la consommation est homogène en fonction des journées

Évolution de la consommation sur un mois, ou même une année (dans ces cas là je n’ai pas assez de données pour pouvoir vous montrer quelque chose de parlant… il faudra patienter quelques temps !).

Pas très significatif pour l'instant, j'essaierai de mettre ça à jour dans quelques semaines :)
Pas très significatif pour l’instant, j’essaierai de mettre ça à jour dans quelques semaines :)

Le suivi d’énergie et moi : une longue histoire

Avant de vous laisser, sachez que je n’en suis pas à ma première tentative en matière de suivi de ma conso d’énergie. Dans mon appartement précédent j’avais opté pour un montage très geek à base d’électronique branché sur le port téléinfo de mon compteur EDF et la consommation était relevée par une Neufbox modifiée qui envoyait les données sur EmonCMS, la brique logicielle du projet OpenEnergyMonitor. Un beau système, mais compliqué à mettre en oeuvre pour ceux qui n’ont pas de compteur EDF numérique, ou ceux qui ont leur compteur EDF en bordure de propriété, voire sur leur palier.

Ici cette solution me plait car elle devrait convenir au plus grand nombre, ne nécessite pas de compétences extraordinaires et s’intègre bien dans mon système existant. Je suis toujours amusé de voir les promesses de compteurs nouvelle génération comme le Linky d’EDF, censé rendre la vie plus belle aux consommateurs en leur permettant notamment de suivre leur consommation d’électricité… Voilà, vous savez désormais aussi comment faire sans compteur du futur :)

Domotique : Migration du système sur le RaspberryPi modèle B+

Cet article fait partie de la série Domotique (18 articles au total)

La plupart des amateurs du RaspberryPi ont déjà eu vent de la nouvelle : en juillet 2014, la fondation Raspberry a sorti un nouveau modèle de son ordinateur à 35€, je veux bien sûr parler de la mouture « B plus » du RaspberryPi. Même si les nouveautés ne sont pas extraordinaires, il y a quand même quelques points d’attention qui m’ont poussé à migrer ma solution domotique sur ce modèle !

Quelles nouveautés sur le RaspberryPi B+ ?

  • 4 ports USB, et l’alimentation de ceux-ci peut désormais monter à 1.2A
  • Adieu la carte SD qui dépasse : On passe à une micro-sd qui est beaucoup plus discrète une fois en position
  • Consommation électrique plus faible : On parle ici de 0.5 à 1W de moins. Ca ne métamorphosera pas votre facture EDF,  mais pour un ordinateur qui en consommait 3-4W, cela fait une belle marge de progression !
  • Plus de pins GPIO : On passe de 26 à 40 pins, ce qui autorise une connectique plus riche. La compatibilité devrait être assurée avec la majorité des cartes utilisant l’ancien port 26 pins. Je dis la majorité car le connecteur P5 ayant été déplacé, les cartes qui en tiraient parti comme la Wolfson Audio card devront évoluer pour fonctionner sur ce modèle.
  • Circuit audio amélioré : rappelez-vous, je m’en plaignais et , la fondation a donc travaillé le sujet. Alors certe on n’égalera certainement pas les performances de la carte de chez Wolfson mais c’est toujours un pas en avant !
  • Intégration facilitée : On retrouve désormais 4 points de montage, disposés en rectangle, et les connecteurs USB ont enfin été alignés !
Le RaspberryPi modèle B+ Face au modèle B
Le RaspberryPi modèle B+ Face au modèle B

Quel intérêt pour domoticz ?

En fait c’est un ensemble de petites choses qui m’ont incité à franchir le pas. Si vous avez lu la description des différences avec le modèle B vous les aurez peut-être devinées :

  • une consommation électrique plus faible
  • les 4 ports USB natifs permettent désormais de brancher plus de 2 périphériques USB sans avoir recours à un hub
  • Et enfin… une meilleure portée avec le RFXCom ! Comment est-ce possible ? Auparavant, la limitation du courant disponible était telle que le rayon d’action du RFXCom était assez limité, et j’avais dû avoir recours à un hub USB alimenté séparément pour avoir une portée décente. Avec le modèle B+ du RaspberryPi, j’ai pu ranger mon hub dans un tiroir, sans voir mon RFXCom bridé.

Migration de domoticz du modèle B vers B+

Dans mon cas j’ai préféré partir d’une plateforme propre plutôt que de faire une copie complète de ma carte SD existante. J’ai donc installé la dernière version de Raspbian, une nouvelle instance de domoticz, et pour finir, j’ai utilisé la fonctionnalité de sauvegarde/restauration de base, accessible dans les options de domoticz. Tout a fonctionné à merveille, la bascule aura été bouclée en quelques minutes.

Le bouton qui vous permettra de sauvegarder données et config de Domoticz
Le bouton qui vous permettra de sauvegarder données et config de Domoticz

Si cela vous dit de faire le grand saut, vous trouverez le nouveau modèle de RaspberryPi sur Amazon et dans toutes les autres bonnes crèmeries habituelles ! Et pour la carte micro-sd j’ai opté pour ce modèle de chez Sandisk qui me donne entière satisfaction. N’hésitez pas à me faire part de vos retours dans les commentaires si vous tentez le coup !

Domotique : Partie 5 – Implémenter un thermostat simple

Cet article fait partie de la série Domotique (18 articles au total)

Après les dernières aventures matérielles pour piloter nos chauffages électriques, je vous propose un épisode où l’on gardera les mains propres :) Aujourd’hui, on va implémenter un thermostat logiciel qui va permettre de maintenir une pièce à une température donnée. Pour cet épisode, vous n’aurez même besoin d’aucun matériel supplémentaire !

Cet article est le 6ème d’une série dédiée à la domotique dont vous pourrez trouver le sommaire au bas de cet article.

Le principe du thermostat de chauffage

Dans chacune de mes pièces, j’ai une sonde de température (cf Episode 2), ainsi qu’un chauffage électrique (cf Episode 4). L’objet de l’exercice du jour sera donc d’asservir le chauffage à cette sonde : on va donc l’allumer ou l’éteindre en fonction de la température mesurée dans la pièce ! Pour éviter que le chauffage passe son temps à s’allumer et à s’éteindre, on va ajouter une « marge d’erreur » (on appelle cette marge l’hystérésis). Concrètement, si l’on souhaite maintenir une pièce à une température de consigne de 20°C et que l’on choisit une hystérésis de 0.5°C, on va allumer le chauffage quand la température va passer en dessous de 19.5°C et l’éteindre au delà de 20.5°C.

L'évolution de la température d'une pièce avec une régulation par hystérésis. Ici on cible une température de 20°C avec une marge d'erreur de 1°C
L’évolution de la température d’une pièce avec une régulation par hystérésis. Ici on cible une température de 20°C avec une marge d’erreur de 1°C. (Crédits : domotique-store.fr)

Mon cahier des charges

J’ai choisi de commencer avec quelque chose de simple.

  • Un interrupteur virtuel pour chacune de mes pièces dans Domoticz.
  • Le thermostat de la pièce en question sera actif quand l’interrupteur virtuel sera en position ON.
  • La température de consigne n’est pas modifiable directement depuis l’interface de Domoticz
  • La techno utilisée ne supportant pas le retour d’état, je cherche un moyen de fiabiliser le système

La mise en oeuvre

Etape 1 : Créer l’interrupteur virtuel

Si vous ne l’avez pas déjà fait, dans la partie Configuration/Matériel de Domoticz, ajouter un périphérique de type « Dummy ». Tous nos interrupteurs virtuels y seront rattachés.

Périphérique virtuel auquel seront rattachés nos interrupteurs virtuels
Périphérique virtuel auquel seront rattachés nos interrupteurs virtuels

Dans l’onglet « Interrupteurs », cliquez sur « Ajout manuel » et ajoutez un interrupteur ON/OFF du type qui vous plaira (seul impératif : le rattacher au périphérique « Dummy » créé précédemment).

Création d'un interrupteur virtuel. Les valeurs sélectionnées (Type, Code...) n'ont pas d'importance.
Création d’un interrupteur virtuel. Les valeurs sélectionnées (Switch Type, Unit Code…) n’ont pas d’importance.

A partir de ce moment, vous avez un bel interrupteur, en l’occurrence « Thermostat salon », que vous pouvez allumer et éteindre à loisir ! Rajoutons un peu de magie derrière tout cela ;)

Interrupteur virtuel finalisé. Il ne reste plus qu'à animer tout cela !
Interrupteur virtuel finalisé. Il ne reste plus qu’à animer tout cela !

Etape 2 : Création du script

Domoticz permet d’écrire des scripts LUA pour exécuter de petits scénarios. Aujourd’hui on va justement s’en servir pour implémenter cette logique de thermostat ! Chaque script est à placer dans le répertoire scripts/lua de domoticz. Pour cet exemple, j’ai donc créé un fichier script_device_thermostat-salon.lua dans ce dossier (le nom du fichier doit impérativement commencer par « script_device_ » comme expliqué dans le wiki de domoticz).

Le contenu du fichier

-- Alexandre DUBOIS - 2014
-- Ce script permet de maintenir la température de salon entre 19°C et 21°C quand l'interrupteur
-- virtuel 'Thermostat salon' est activé.

--------------------------------
------ Variables à éditer ------
--------------------------------
local consigne = 20  --Température de consigne
local hysteresis = 0.5 --Valeur seuil pour éviter que le relai ne cesse de commuter dans les 2 sens
local sonde = 'Salon' --Nom de la sonde de température
local thermostat = 'Thermostat salon' --Nom de l'interrupteur virtuel du thermostat
local radiateur = 'Radiateur salon' --Nom du radiateur à allumer/éteindre
--------------------------------
-- Fin des variables à éditer --
--------------------------------

commandArray = {}
--La sonde Oregon 'Salon' emet toutes les 40 secondes. Ce sera approximativement la fréquence 
-- d'exécution de ce script.
if (devicechanged[sonde]) then
	local temperature = devicechanged[string.format('%s_Temperature', sonde)] --Temperature relevée dans le salon
    --On n'agit que si le "Thermostat" est actif
    if (otherdevices[thermostat]=='On') then
        print('-- Gestion du thermostat pour le salon --')

    	if (temperature < (consigne - hysteresis) ) then
            print('Allumage du chauffage dans le salon')
            commandArray[radiateur]='Off'

	    elseif (temperature > (consigne + hysteresis)) then
	        print('Extinction du chauffage dans le salon')
            commandArray[radiateur]='On'

	    end
    end
end
return commandArray

Pour adapter ce script à votre installation, il suffit de modifier les quelques variables entre les lignes surlignées en jaune (8 à 12).

Comment le script fonctionne ?

Chaque fois qu’une nouvelle valeur est reçue de la part de la sonde du salon (et si l’interrupteur virtuel du thermostat est actif), on compare la température actuelle de la pièce à la température de consigne (+ ou – l’hystérésis). Si nécessaire on allume le radiateur (en coupant le signal sur le fil pilote) ou on lui demande de s’éteindre (en envoyant un signal sur le fil pilote).

Le fait que le script soit rattaché à un interrupteur est super pratique. Déjà cela permet de lancer le thermostat en 1 clic, mais surtout cela permet d’y associer des plannings, pour faire en sorte par exemple que le chauffage se coupe la nuit, qu’il se mette en route 1h avant votre retour du travail etc…

Quelles améliorations ?

Ce système a le mérite de fonctionner, je l’ai mis en œuvre tout cet hiver mais il existe plusieurs améliorations possibles :

  • utiliser un algorithme de régulation plus performant (thermostat à base de régulateur PID par exemple)
  • prendre en compte la gestion de plusieurs sondes/radiateurs par pièce (pour les grandes pièces)
  • fournir à l’utilisateur la possibilité de spécifier sa température souhaitée dans l’interface de Domoticz, plutôt que dans le script

Voilà, j’espère que cet article vous aura plu et vous donnera envie d’aller encore plus loin dans la domotique ! N’hésitez pas à partager vos pensées et questions dans les commentaires.

Domotique : Partie 4 – Piloter son chauffage électrique

Cet article fait partie de la série Domotique (18 articles au total)

Enfin ! Après des mois de silence me revoici :) Aujourd’hui au programme, un article qu’un bon nombre de personnes attendait : comment piloter son chauffage électrique ! Et quand je parle de chauffage, je désigne par là tout ce qui va du grille pain old-school au dernier radiateur à inertie solide, en passant par les panneaux rayonnants, les radiateurs à fluide etc, etc…

Cet article est le 5ème d’une série dédiée à la domotique dont vous pourrez trouver le sommaire au bas de cet article.

Une contrainte : la présence d’un « fil pilote »

La seule contrainte à respecter est la présence d’un « fil pilote ». Une invention franco-française qui permet normalement de contrôler le déclenchement du chauffage via un thermostat. Physiquement cela se traduit par un fil supplémentaire pour brancher le chauffage (généralement de couleur noire), en plus des habituels fils de phase et neutre (il n’y a souvent pas de prise de terre sur les convecteurs).

Les 3 fils du radiateur. On voit bien ici le fil pilote, en noir.
Les 3 fils du radiateur. On voit bien ici le fil pilote, en noir.

Si vous ignorez si vos radiateurs sont munis de fil pilote, une manière simple de le deviner est de regarder les « réglages » proposés par votre radiateur. Si en plus de la traditionnelle molette, vous avez un curseur avec des positions (« off », « on », …) dont une symbolisée par une petite horloge, alors c’est que votre radiateur possède un fil pilote :)

Si votre radiateur possède la position avec l'icône d'horloge, alors il a un fil pilote.
Si votre radiateur possède la position avec l’icône d’horloge, alors il a un fil pilote.

Attention cher lecteur

Dans l’article d’aujourd’hui, on va manipuler les branchements du radiateur, où circule du 220V ! Toutes ces manipulations doivent être effectuées avec le compteur électrique coupé ! Merci de ne te lancer dans l’aventure que si tu comprends ce que tu fais. Je ne saurais être tenu comme responsable de toute dégradation ou dommage, qu’ils soient matériels ou pas !

Un rappel de mes contraintes

Depuis le départ, je me suis imposé un certains nombres de règles dans la domotisation de mon appartement :

  • Le système domotique doit être le moins traumatisant possible : je suis locataire, pas question d’abîmer quoi que ce soit !
  • En cas de panne du système domotique, il doit être possible de continuer d’utiliser le chauffage manuellement

Bonne nouvelle, l’article d’aujourd’hui permet de respecter tout ça ;)

Un peu de théorie sur le fil pilote

Le fil pilote est un circuit de commande pour le chauffage. En fonction du signal qui circule sur ce fil, le chauffage peut-être allumé, arrêté, mis en mode hors gel, confort, etc… Il y a jusqu’à 6 modes différents. Voici un petit tableau qui récapitule les différents ordres possibles :

Les différents ordres existants sur fil pilote, avec le signal associé.
Les différents ordres existants sur fil pilote, avec le signal associé.

Le principe aujourd’hui, sera donc d’utiliser un module sans-fil branché sur le fil pilote, afin de pouvoir envoyer un signal dessus, et donc piloter le radiateur. On va faire simple puisqu’on ne va gérer que 2 ordres différents : le mode confort et l’arrêt du chauffage. Pour que le chauffage réagisse à ces ordres, il faudra positionner le curseur du radiateur sur la position « Horloge », sans quoi les ordres seraient ignorés. C’est là aussi tout l’avantage de ce procédé : en cas de dysfonctionnement du fil pilote (ou du système qui l’utilise), on pourra toujours utiliser les radiateurs manuellement en sélectionnant un autre mode que cette « position horloge ».

L’accessoire du jour : le module ON/OFF encastrable

Pour parvenir à cet objectif, nous allons utiliser un nouveau type de module sans-fil : les modules ON/OFF encastrables. On les installera derrière chaque chauffage, dans la boite d’encastrement existante, il n’y aura donc aucun fil à tirer ou mur à attaquer. Cette intervention sera complètement invisible une fois terminée.

Module encastrable sans-fil chacon
Module encastrable sans-fil chacon

La liste des courses

Pour l’opération du jour, nous aurons besoin  par radiateur des éléments suivants
Niveau matériel, je vous recommande d’avoir sous la main :

Après t’es grand, si tu préfères tenter le coup avec tes ciseaux « Maped » t’as le droit… Il n’empêche que les bons outils facilitent bien la vie ! Et en plus tu pourras t’en resservir !

Si en plus tu as choisi l’option « bricoleur fou », il te faudra un fer à souder, de l’étain, et un briquet (c’est pour la gaine thermo, mais s’il sert habituellement à allumer tes cigarettes ça marche aussi).

Pour les tests, je vous recommande d’avoir une télécommande compatible avec votre module. Moi j’ai celle-ci, mais n’importe quelle télécommande chacon ou DIO fera l’affaire.

Étape 1/6 : Préparer la diode (facultatif)

Cette étape ne concerne que les bricoleurs fous n’ayant pas choisi d’acheter la diode précablée.

L’opération est simple : on veut rallonger les pattes de la diode et sécuriser le tout. Concrètement, on va souder un bout de fil électrique de chaque côté (dans mon cas un fil de terre), et on va « emballer » le tout dans de la gaine thermo-retractable pour que ce soit propre et sans risque (bon là aussi, si tu préfères utiliser du ruban isolant électrique tu as le droit, ça fera la même chose).

Ici la diode a été soudée, il ne reste plus qu'à protéger le tout dans de la gaine thermo-retractable
Ici la diode a été soudée, il ne reste plus qu’à protéger le tout dans de la gaine thermo-retractable
Ici la diode a été isolée avec de la gaine thermo-retractable.
Ici la diode a été isolée avec de la gaine thermo-retractable.

Étape 2/6 : On coupe le courant !

cette étape est indispensable et concerne tout le monde ! On coupe le courant ! De préférence le disjoncteur général, comme ça on est sûr de ne pas écourter bêtement cette vie de geek.

Étape 3/6 : On débranche le radiateur

Déposer le radiateur et défaire ses branchements

Cette étape dépend du type de radiateur électrique installé. Pour les miens, il faut les incliner pour les décrocher du mur, laissant apparaitre un cadre métallique et le branchement mural du chauffage.

Le radiateur déposé laisse apparâitre son cadre de fixation et ses branchements
Le radiateur déposé laisse apparâitre son cadre de fixation et ses branchements

On décroche alors le cache de la prise (souvent il suffit de tirer sur les coins pour dévoiler les vis de maintien). On pourra alors accéder au câblage du radiateur. Normalement si votre installation électrique est aux normes, vous devez vous retrouver avec un fil rouge ou marron (phase ?), un bleu (neutre ?), un noir (le fil pilote), et un bicolore vert et jaune (la mise à la terre).

De base, il y a au moins 2 câbles (phase + neutre) du radiateur qui sont branchés, il faut tout débrancher !

Étape 4/6 : On installe le module sans-fil

Avant de vous lancer sur les câbles du radiateur, je vous conseille de préparer votre module en lui fixant la diode et de petits morceaux de fil électrique pour faciliter le branchement.

Le module chacon prêt à brancher ! Attention au sens de la diode (cf schéma)
Le module chacon prêt à brancher ! Attention au sens de la diode (cf schéma ci-dessous)

C’est l’étape la plus importante, car un mauvais branchement peut occasionner le décès du module, du radiateur, ou le vôtre suivant votre erreur… Donc encore une fois, ne faites ces manipulations que si vous comprenez ce que vous faites, et faites le toujours avec le courant coupé ! Le schéma suivant montre le câblage à réaliser !

Schéma de câblage pour connecter radiateur, diode et module sans-fil Chacon CH54555
Schéma de câblage pour connecter radiateur, diode et module sans-fil Chacon CH54555

Pour cette étape, les borniers WAGO sont utiles car très compacts et manipulables sans outils. Parfois, avec les câbles multibrins (c’était le cas sur mon radiateur), la flexibilité du câble peut poser soucis pour l’enficher dans le bornier. Une solution que j’ai trouvé pour ne pas me prendre la tête est d’étamer le bout du câble du radiateur, ce qui aura pour effet de le rigidifier !

Une fois terminé, si vous avez bien travaillé, vous ne devriez plus voir aucun morceau de câble dénudé !

Module chacon installé. Là vous devinez que le plus difficile ça va être de tout rentrer dans le mur !
Module chacon installé. Là vous devinez que le plus difficile ça va être de tout rentrer dans le mur !

Étape 5/6 : On teste

Pour cette étape il faut remettre le courant. Avant de le faire, vérifier que toutes les connexions sont isolées électriquement.

Avant de tout rentrer dans la boîte d’encastrement, il faut procéder à l’association du module avec votre télécommande. Cette étape dépend du module acheté, sur les miens il faut presser un petit bouton pour que le module passe en mode « association » et ensuite appuyer sur le bouton ON de la télécommande qui pilotera votre module.

Si vous avez réussi l’étape d’association, vous devriez être en mesure de piloter le module (et donc le radiateur) depuis votre télécommande. Un appui sur OFF va ALLUMER le radiateur, tandis qu’un appui sur ON va l’ETEINDRE. Ce n’est pas une erreur ! C’est le mode de fonctionnement du fil pilote : en l’absence de courant (OFF) sur le fil pilote, le radiateur s’allume. Pour nous le fil pilote se limite donc à ces deux ordres :

Sans courant, on sera en mode "Confort". Avec courant, la diode filtrera les demi-alternances négatives ce qui nous permettra de positionner le radiateur dans le mode "Arrêt".
Sans courant, on sera en mode « Confort ». Avec courant, la diode filtrera les demi-alternances négatives ce qui nous permettra de positionner le radiateur dans le mode « Arrêt ».
Une fois que le module réagit correctement, il est temps de tout ranger tout ça dans la boîte d’encastrement et de remettre le « capot ». Je vous conseille de couper le courant à nouveau le temps de cette opération.
Le module est enfin casé ! Notez que j'ai du lui couper ses "oreilles" pour le faire loger là !
Le module est enfin casé ! Notez que j’ai du lui couper ses « oreilles » pour le faire loger là !

 

Terminé ! Impossible de faire la différence avec l'installation précédente vu d'ici
Terminé ! Impossible de faire la différence avec l’installation précédente vu d’ici

Etape 6/6 : On règle dans Domoticz

Suite à vos essais avec la télécommande, Domoticz devrait avoir capté le signal émis par celle-ci et afficher un nouvel appareil inconnu dans la section « Périphérique ». Cliquez sur la flèche verte de la ligne correspondante, donnez un nom à votre radiateur (dans mon cas « Radiateur salon ») et tadaaaa ! Votre radiateur est maintenant pilotable en un clic !

Le radiateur est désormais visible dans Domoticz
Le radiateur est désormais visible dans Domoticz

Si vous avez bien respecté la procédure (d’abord l’association à la télécommande puis l’ajout dans Domoticz), vous devriez voir le statut du radiateur se mettre à jour même lorsque vous le changez d’état à l’aide de la télécommande. Ainsi, même en cas de panne de Domoticz, le radiateur est toujours contrôlable sans se lever du canapé ;)

En conclusion

On a vu aujourd’hui comment piloter proprement un radiateur électrique, et cela sans avoir à tirer le moindre câble et pour un budget très correct. Dans un prochain article (que j’espère ne pas mettre 6 mois à écrire), je vous présenterai comment j’ai asservi le déclenchement du radiateur en fonction de la température mesurée dans la pièce, ce qui permet de simuler un thermostat multi-zones… pour 0€.

Au niveau des contraintes initiales, le chauffage reste fonctionnel manuellement comme avant, et si l’on souhaite le gérer dans Domoticz, ou à l’aide de la télécommande, il suffit de passer le radiateur sur la position « fil pilote » (avec la petite horloge en picto). De la même manière, le jour où je déménage il me suffit d’enlever diode et module pour rétablir l’installation d’origine.

En attendant, libre à vous de profiter du déclenchement à distance ou des plannings de Domoticz pour retrouver votre chez-vous à température en rentrant du boulot, ou être sûr qu’il se coupe bien la nuit !