Ce weekend c’était weekend de pont ! Aussi je ne pouvais pas louper l’occasion de réaliser un petit chantier ! Attention, cet article s’adresse aux plus barbus d’entre vous, ceux qui pratiquent l’électronique de temps en temps, et savent qu’il ne faut pas faire n’importe quoi avec le 220V ! Mais si tu es juste curieux, tu as le droit de lire la suite :)
L’objectif du jour est de convertir une alimentation de PC en une alimentation d’atelier, bien pratique quand on bricole ! Cette alimentation permettra de disposer de différentes lignes de tension (3,3V, 5V et 12V) qui sont très utilisées en électronique. Alors tout d’abord pourquoi une alimentation de PC ?
- c’est pas cher, voire gratuit si on en récupère une vieille
- c’est très stable
- c’est très puissant (plus que la majorité des alimentations d’atelier du commerce)
- ça propose une bonne palette de tensions utiles
La liste des courses
Alors pour le bricolage du jour, voici ce que j’ai utilisé
Pièces :
- Une alimentation de PC
- Des fiches bananes (récupérées pour moi, sinon dispo pour 3 à 10€ en ligne)
- Résistance cémentée 10W 5Ohms achetée 3,4€ sur ebay (celles-ci devraient faire l’affaire)
- Interrupteur ON/OFF acheté 1,7/pièce€ sur ebay (sinon dispo par 4 en ligne)
- Cosses à oeil (1,5€ les 10 en magasin de bricolage, dispo en ligne pour 5€ le lot de 50pcs)
- 2 leds (1 verte, 1 jaune), dispo en ligne pour environ 1 euro les 50.
- les résistances à associer aux leds (220Ohms à 1/4 de Watt dans mon cas par exemple). Si vous n’en avez pas je vous conseille d’avoir toujours un panache de résistances sous la main, ça sert toujours.
- De la gaine thermo-retractable (on trouve en ligne des assortiments pour 5-7 euros)
Matériel :
- Tournevis
- Pinces coupantes
- Pinces à dénuder
- Fer à souder + étain
- Perceuse avec mèches pour métaux
- Lunettes et gants de protection
- Voltmètre
- Pistolet à colle chaude
A propos des fournitures : Les composants électroniques (leds et résistances 1/4W) ont été pris dans mon stock, mais sinon vous trouverez ça pour quelques centimes en magasin ou sur internet. Les seuls éléments en gras sont obligatoire pour le bon fonctionnement du projet, mais sans le reste ça risque d’être très galère au montage, et suivant votre alim, les tensions peuvent être instables sans la résistance de 10W. Evidemment, sans interrupteur, l’alimentation sera sous tension en permanence dès qu’elle sera branchée.
A propos de la résistance de 10W : Certaines alimentations n’en ont pas besoin pour fonctionner, d’autres oui. La présence de cette résistance est censée améliorer la stabilité de l’alimentation qui en général n’aime pas être allumée « à vide ». Une valeur de 5Ohms à placer sur la ligne 5V est recommandée pour les anciennes alims, tandis qu’il est conseillé de passer à 22Ohms sur la ligne 12V pour une alim récente. J’ai trouvé sur ebay une résistance à 5,6Ohms pour 3,40€ frais de port inclus.
Choisir sa victime
Peu importe son âge, n’importe quelle alim fera l’affaire ! Un conseil par contre, on va devoir installer pas mal de bazar à l’intérieur, donc mieux vaut qu’il y ait un peu de place dans la boîte ! Pour ma part, j’ai trouvé au hacklab une alim amputée de quelques uns de ses connecteurs… ce n’est pas grave, on va tous les dégager ! Voici mon cobaye, une alim de 350W de marque « Top-Elite ».
Un coup d’oeil sur l »étiquette nous donne quelques infos intéressantes ! Voici les tensions disponibles sur cette alim : 3.3V (20A max), 5V (35A max), 12V (17A max), -5V (0.5A max), -12V (0.5A max).
Personnellement, les tensions négatives ne m’intéressent pas, donc je n’en ferai rien, d’ailleurs il est possible qu’elles ne soient même plus présente sur votre alimentation si elle est récente !
On désosse
Donc c’est la première étape, on coupe l’étiquette de garantie, dévisse les 4 vis du capot, et voici les entrailles de la bête.
Pas mal pour son âge, on a vu (beaucoup) plus moche ! Pour notre opération de transformation, il va falloir percer des trous dans la façade pour y disposer plus tard interrupteurs, leds et fiches bananes. Donc il faut démonter au max pour protéger le circuit de la limaille de fer occasionnée par le perçage. Chez moi ça se résumait à 4 vis qui tenaient le circuit. Par contre je ne pouvais pas complètement séparer le circuit de la carcasse, donc j’ai couvert le tout d’un chiffon.
Au fait, vous voyez les 2 gros condensateurs au bas de la photo ? CE NE SONT PAS VOS AMIS. Donc on ne touche pas. Sous aucun prétexte !
On perce
Je souhaite garder 3 tensions différentes accessibles via des fiches bananes (comme au collège, dans tes TPs de physique, tu te souviens ?). Donc 3 tensions + la masse = 4 fiches bananes à installer, donc 4 trous. A ça il va falloir ajouter un interrupteur, et 2 leds. Donc on trace les repères…
..et on perce, droit, (enfin on essaie)
Là pour moi c’était le plus pénible, maintenant on passe à la partie que je préfère !
On coupe !
Et quand je dis « on coupe » c’est facile : on coupe tout :D Mouhahahahaha ! Ensuite on groupe tout par couleur.
Sur les alim de PC de type ATX (soit 99% des alim de PC en circulation), les couleurs des câbles sont identiques et respectent le schéma suivant :
Le bleu et le blanc, on s’en moque, donc j’ai mis un peu de ruban d’électricien au bout pour isoler.
On soude
Pour l’interrupteur : le fil vert et un fil noir
Pour la led jaune (standby) : un fil noir sur le -, le fil violet sur le + SANS OUBLIER LA RESISTANCE
Pour la led verte (power ok) : un fil noir sur le -, le fil gris sur le + SANS OUBLIER LA RESISTANCE
Pour la résistance cémentée : un fil noir et un fil rouge
Pour les grappe restantes de fil jaune, rouge, orange et noir, j’ai torsadé les extrémités entre elles que j’ai ensuite étamées.
Si votre alimentation est récente
Il faudra probablement connecter d’autres câbles pour éviter que l’alimentation ne s’éteigne à la moindre charge.
- Si vous avez un câble ROSE (+5V sense), il faut le souder à un câble ROUGE (+5V)
- Si vous avez un câble MARRON (+3.3V sense), il faut le souder à un câble ORANGE (+3.3V)
Sans ça, dès l’alimentation s’éteindra dès que vous tirerez un peu de courant dessus…
On sertit
Sur chaque grappe de fils, on enfile une cosse que l’on sertit avec la pince plate (ou encore mieux, une pince à sertir). Ne faites pas comme moi à prendre des cosses trop petites, après faut bricoler, c’est la galère (cf mes fils noirs dans la photo qui suit). J’ai ajouté de la gaine thermorétractable pour éviter un contact inopportun. C’est pas forcément indispensable mais je trouve ça plus propre.
On installe
On place les cosses sur les fiches bananes, avec les rondelles et écrous qui vont bien. A ce moment, l’ensemble devient testable. Encore une fois, faites très attention à vous, le 220V c’est mortel ! Donc avant de mettre sous tension, on vérifie que la terre est bien branchée (câble bicolore jaune et vert) et sous aucun prétexte on ne met les doigts dans le boitier. Perso à ce moment j’ai vérifié avec un voltmètre que les tensions étaient toujours correctes.
La touche chinoise
J’aurais pu aussi intituler cette partie « La colle chaude c’est la vie. » (Mupuf, 2013). Donc ce n’est pas un outil de grande précision, mais on va s’en servir pour coincer les leds dans leurs logements. Le côté cool c’est qu’en plus ça fait isolant. Là aussi on fait attention car la colle est à 150-200°C à la sortie du pistolet.
Un « point » de colle également pour éviter que la résistance cémentée ne se balade dans le boitier.
On referme
On remet le capot, met les dernières vis et voilà…
Je ne saurais que trop vous conseiller d’indiquer à côté de chaque prise la tension qu’elle délivre. Les plus motivés dessinerons sous inkscape une façade qu’ils plastifiront et colleront dessus. Les plus feignants écriront ça au marqueur, moi j’ai simplement utilisé une étiqueteuse :)
Pour aller plus loin
Avant de vous quitter, quelques améliorations possibles sur ce projet (on ne sait jamais)
- Rajouter des fiches -5V et -12V puisque ces tensions sont disponibles. ça peut servir à avoir du 24V en se branchant entre le -12V et le 12V.
- Rajouter d’autres fiches GND, ça peut être utile d’en avoir différentes (même si au final elles sont toutes reliées entre elles).
- Obstruer l’ancien passage de câble de la façade. Fait !
- Déporter en façade l’interrupteur situé à l’arrière de l’alim (interrupteur haute tension), par exemple dans l’ancien passage de câble (cf point ci-dessus) Fait !
- Faire une caisse dédiée (de préférence dans un matériau isolant ?) de manière à pouvoir faire quelque chose de plus complet
- Faire une jolie façade avec un soft de dessin vectoriel, imprimer/plastifier/coller le résultat
- Intégrer des connecteurs femelles standard en façade (genre USB, etc…)
- Ajuster la luminosité des leds (mauvaise valeur de résistance ?) là j’ai un jaune qui pète et on ne vois pas hyper bien le vert si on n’est pas en face.
Encore une fois, si vous tentez l’expérience, faites attention à vous, car une alim d’atelier c’est pratique, mais conserver ses 10 doigts c’est pas mal aussi, sans parler de votre vie :) Bon bricolage et bon hack !
Edit : quelques semaines plus tard j’ai pris le temps de m’occuper de terminer la façade ! Voici le résultat :