NAS : Bien choisir ses disques durs

Cet article fait écho à une question que m’a posé un lecteur dans un précédent article : comment choisir ses disques de NAS ? Que celui-ci soit un NAS construit par une grande marque, par vos soins, ou encore un appareil détourné à cet usage comme le microserveur HP Proliant, vous allez vraisemblablement être confrontés à cette question.

Quelles sont les contraintes d’un NAS à prendre en compte ?

Un NAS ne s’utilise pas comme le PC de bureau familial. Il faut donc réfléchir aux particularités de cet appareil pour évaluer les contraintes qui peuvent s’exercer sur les disques

  • Allumé 24h/24, 7j/7 : les disques vont être sous tension continuellement, on évitera donc les modèles énergivores
  • Machine compacte, à la ventilation limitée : les disques devront être capables de supporter une certaine chaleur
  • Potentiellement installé dans une pièce où il faut que la machine reste discrète (salon, bureau, etc…) : le nombre de décibels au repos/en fonctionnement peut être un critère important
  • Soumis aux vibrations : dans un NAS il y a plusieurs disques, et s’ils sont en RAID ils vont s’activer en même temps, générant au passage des vibrations qui peuvent affecter les disques voisins.

Et la performance dans tout ça ?

Un NAS est avant tout dédié au stockage et au partage de données, généralement à travers votre réseau domestique. Il y a donc de très grandes chances que vous soyez limités en terme de débit à celui de votre réseau : 1Gbit/s en RJ45 pour les mieux équipés, bien moins que cela en Wifi. Par conséquent, inutile de faire la course au nombre de tours/minutes ! Mieux vaut préférer des modèles à faible vitesse de rotation (5400 tr/min ou 5900 tr/min), qui généralement ont pour avantage de produire moins de bruit, moins de vibration et de consommer moins d’énergie que les modèles plus rapides.

disque_nas_toshiba
Le premier disques de mon NAS. Avec 5900 tr/min il est plutôt discret, mais depuis on fait mieux que ça !

Quels sont les différents types de disques sur le marché

Les disques durs sont segmentés en 4 catégories : Bureau / NAS / Surveillance / Entreprise.

Bureau :

Des disques avec une vitesse de rotation standard, adaptés à un usage comme disque principal dans une machine de bureau. En terme de silence ils se situent dans la moyenne.
Exemple : gamme Western Digital Blue et Seagate Desktop HDD

NAS :

Des disques avec une vitesse de rotation limitée (max 5900 tr/min) pour limiter bruit, chaleur et vibration. Ils sont présentés comme plus fiables que les disques de bureau et sont généralement garantis plus longtemps.
Exemple : gamme Western Digital Red et Seagate NAS HDD

Surveillance :

Des disques conçus pour être branchés sur un système de vidéo-surveillance et donc capables de d’être sollicités en écriture 24h/24, 7j/7. Leur performance dans les autres contextes ne sont généralement pas fameuses, à réserver donc à ce cas d’usage précis.
Exemple : gamme Western Digital Purple et Seagate Surveillance HDD

Entreprise :

Des disques où l’on a mis l’accent sur les performances et la fiabilité. Ils ne descendent jamais en dessous de 7200 tr/min, sont garantis plus longtemps que leurs petits copains, mais coûtent généralement bien plus chers.
Exemple : gamme Western Digital Black et Seagate Enterprise HDD

Un disque destiné à un usage NAS de chez Western Digital (modèle Red)
Un disque destiné à un usage NAS de chez Western Digital (modèle Red)

Le cas des disques « éco »
Depuis quelques années, Western Digital commercialise une gamme de disque dur « Western Digital Green » que beaucoup d’utilisateurs installent dans des NAS. Si les caractéristiques des disques « Green » se rapprochent des disques dédiés au NAS avec des vitesses de rotation faibles et un bruit maîtrisé, ces disques ne sont pas aussi endurants que leurs homologues pour NAS, donc à vous de voir si l’écart de prix (de l’ordre de 10 à 15%) justifie la prise de risque…

Eviter la « panne synchronisée »

C’était ma plus grande crainte au moment de choisir mes disques. Si les disques sont issus du même lot, qu’ils sont installés neuf dans le NAS et sollicités de la même manière tout au long de leur vie, il n’est pas idiot de penser qu’ils mourront à peu près en même temps, ou en tous cas dans un intervalle court. Pour cette raison, j’ai volontairement acheté des disques de marques différentes aux caractéristiques similaires. Ainsi, j’espère minimiser ce risque. Une autre technique que j’avais vu chez quelques uns de mes collègues consistait à acheter le même modèle de disque chez des marchands différents, ou dans un laps de temps de quelques semaines. Ainsi on a plus de chances d’obtenir des disques de lots différents, et donc de réduire là aussi ce risque.

Je me suis toujours demandé si ces craintes étaient fondées, et si ces « techniques » étaient efficace. Mes disques de données ont quelques années maintenant mais tiennent toujours le choc, je ne peux donc pas encore répondre à cette question !

Faut-il absolument opter pour des modèles « spécial NAS » ?

Bien que ceux-ci soient à privilégier, n’importe quel disque fonctionnera dans votre NAS ! Il y en aura des plus bruyants, des moins économes, ou moins endurants mais tous devraient assurer un bon niveau de service. Après c’est à vous de positionner le curseur entre confort, robustesse et prix ! Quand j’ai monté mon NAS en 2013, la gamme WD Red en était à ses balbutiements et celle de Seagate n’existait tout simplement pas ! Maintenant je pense que je les considérerai sérieusement pour mon prochain disque !

Et vous, avez-vous pesé le choix de vos disques ou avez-vous simplement opté pour un modèle « au hasard » ?

Evaluer la santé de ses disques

Au final, quelque soit votre choix, ce qui va être important c’est de suivre correctement la santé de vos disques. En effet, que vous ayez opté pour la Rolls du disque de NAS ne veut pas dire qu’il ne tombera pas en panne prématurément. Le meilleur conseil que je puisse donc vous donner et de tout mettre en oeuvre pour qu’en cas de panne, ou de risque de panne, votre NAS vous alerte en temps et en heure. Tout cela est possible grâce à la technologie SMART qui équipe tous les disques du marchés.

L'écran d'affichage des informations SMART d'un disque. Chaque ligne correspond à un indicateur que le disque auto-mesure en permanence. OpenMediaVault surveille ces indicateurs pour vous prévenir avant qu'il ne soit trop tard.
L’écran d’affichage des informations SMART d’un disque. Chaque ligne correspond à un indicateur que le disque auto-mesure en permanence. OpenMediaVault surveille ces indicateurs pour vous prévenir avant qu’il ne soit trop tard.

Votre NAS est certainement capable de diagnostiquer en temps réel l’état des disques et de vous prévenir quand celui-ci devient alarmant… A condition d’avoir bien paramétré votre NAS ! Sur OpenMediaVault par exemple (qui est le système qui équipe mon NAS), ces informations sont accessibles via cet écran (Stockage > SMART) et le NAS vous notifiera si vous avez bien paramétré cet autre écran (Système > Notifications). Ne soyez donc pas avare des quelques minutes que prend la configuration de ces paramètres, cela peut vous éviter quelques sueurs froides à l’avenir ! Notez que les notifications du NAS peuvent aussi vous prévenir d’autres événements tout aussi fâcheux (espace de stockage faible, température des disques trop élevée, etc, etc…).

L'écran de paramètrage des alertes mail d'OpenMediaVault. Voici la manière dont il faut le configurer avec GMail.
L’écran de paramètrage des alertes mail d’OpenMediaVault. Voici la manière dont il faut le configurer avec GMail.

13 réflexions au sujet de « NAS : Bien choisir ses disques durs »

  1. Bonjour,
    Oui, ça arrive.
    J’ai eu l’occasion de voir en 2001 des pannes en série sur un lot de serveurs, dans les semaines suivant leur déploiement. RAID et SMART avaient permis le remplacement des disques avant l’indisponibilité des serveurs, sauf dans un cas où nous avons eu la panne rapprochée de deux disques.
    Ça arrivera. Surtout si vous ne l’avez pas prévu.

  2. Bonjour,
    Personellement j ai acheté 2 seagates (standard) de 2to en 2013 d un meme lot pour mettre dans un nas, le premier le premier a lâché il y a 3 mois et le second vient de lâcher il y a une semaine. Je suis donc désormais convaincu de la stratégie de mixer différents disques pour éviter les pannes consécutives ! J espère aussi que les disques spécialisés pour le nas offriront une meilleure durée de vie…

  3. Enfin une personne qui conseille des disques différents dans un serveur …

    Très très bon article !

    PS/les WD black ont une température particulièrement élevée (env 5 à 8°C de + que les autres HD)

  4. Salut Alex,

    Encore un grand merci pour tes articles de très bonnes qualités et qui réponds en plus à de très bonnes questions :)

    Avec Ludo, un copain, nous avons suivi tes conseils.Chacun a acheté un Proliant Gen8 avec 2 DD de 4To. Moi des WD et Ludo des Seagate. Et nous avons échangé un disque pour avoir une configuration hétérogène.
    les wd : https://www.amazon.fr/gp/product/B00EHBERSE/ref=oh_aui_detailpage_o03_s01?ie=UTF8&psc=1&linkCode=as2&tag=lebogdale-21
    les seagate : http://www.materiel.net/disque-dur-interne-3-5-pouces/seagate-nas-hdd-sata-iii-6-gb-s-2-x-4-to-pack-de-2-96268.html

    J’ai suivi ton article précédent pour faire l’installation, c’était clair et précis, l’installation s’est faite sans encombre. Le plus compliqué a été d’ouvrir le Proliant :)

    Nous nous retrouvons donc dans la même configuration avec a priori les mêmes questions.

    Dans les menus SMART de OMV, le WD se comporte très bien, tout les indicateurs sont au vert. le Seagate, parc contre, annonce des indicateurs dont je n’arrive pas à juger la gravité :
    Raw_Read_Error_Rate POSR 705584
    Seek_Error_Rate POSR 162759

    As-tu un avis sur le sujet ? une défaillance des seagate, des erreurs dûes à l’hétérogénéité des disques, …

    Merci

    François

  5. Bonjour François,

    Comme je ne suis pas un spécialiste des données SMART j’ai dû faire quelques recherches ! Au final je pense que tu n’as pas à t’inquiéter. D’après https://lime-technology.com/wiki/index.php/Understanding_SMART_Reports, Seagate remonte des informations que les autres disques ne communiquent pas (comme le fameux Raw_Read_Error_Rate). Donc pas de panique, et très bonne idée que de s’y prendre à 2 pour s’échanger les disques : si l’un de vous perd un disque, il peut prévenir l’autre avant que le jumeau ne claque :)

    Alexandre

  6. Salut Alexandre,

    Merci pour ton retour, je n’avais pas trouvé de réponses aussi claires et sans appel que celle du site que tu indiques. c’est réglé.

    Si je peux abuser, j’ai une autre interrogation.

    Je suis en train de faire la copie des données de mon ancien Syno (en raid 0) vers le Proliant (en raid 1) en passant par un copier/coller standard sous Windows (je sais c’est surement mal mais bon…).

    En vérifiant ma copie en comparant les propriétés des répertoires source et cible, sous Windows encore, je trouve des résultats, que je trouve fort étonnant et qui échappent à ma compréhension:

    Pour un premier dossier copié, le nombre de fichiers et de dossiers sont identiques (40 003 fichiers et 5 657 dossiers) et la taille également (8.86 Go ou 9 522 054 898 Octets).
    Mais la « taille sur le disque » diffère énormément
    – 8.95 Go ou 9 619 861 504 Octets pour le Syno
    – 45.7 Go ou 49 120 542 720 Octet pour le Proliant

    En comparant quelques fichiers, je trouve des fichiers d’1 ko qui prennent 64Ko sur le Syno et 1 Mo sur le Proliant alors que j’ai des blocks de 4 Ko sur les deux systèmes…

    Est-ce que c’est le Raid 1 qui fausse tout ? si tu as un avis, je suis preneur

    Bonne soirée

    François

  7. Bonjour,
    Sur vos conseils j’ai entrepris de faire ce NAS avec le proliant.
    Quelle capacité puisse prévoir pour les DD. 4 de 3Go ou 4 de 4 Go ou plus.

    Merci de votre aide,
    Francis

  8. Au moins quand on pose des questions on n’est pas sur (a moins d’être copain) d’avoir des réponses.

    Vraiment dommage ce comportement élitiste tout a chacun n’est pas oblige d’être fera en informatique.

    Je n’ai jamais obtenu de réponse a mes question.

    Merci infiniment.

  9. Bonjour Francis,
    Nul besoin d’être acide, il ne faut pas oublier que vous êtes sur un site que j’anime sur mon temps libre. Ces temps-ci j’en ai peu d’où la raréfaction de mes articles ou de mes retours. Concernant votre question, vous pouvez mettre des disques de la capacité qui vous semble la plus adéquate par rapport à vos besoin de stockage, jusqu’à 4To sans problème. J’espère que cela vous aidera.

    Alexandre

  10. Bonjour Alexandre,

    Merci pour le partage de ton expérience.
    Pourquoi tu n’as pas hébergé ton domoticz sur ton serveur proliant ?
    Tout en installant les services samba, minidlna, smartmontools avec un Debian comme os ?

    Benoît

  11. Hello Benoit,
    C’est vrai que ça peut paraître étonnant, mais il y a une vraie raison à tout ça, même plusieurs :)
    – Sur le raspberryPi, Domoticz bénéficie d’une feature de mise à jour automatique, ce qui n’était pas le cas sur le proliant les dernières fois que j’ai testé.
    – Je n’aime pas trop l’idée d’avoir tous mes oeufs dans le même panier (ou en l’occurence, sur le même serveur). Je ne voudrais pas qu’une défaillance du NAS compromette la fiabilité de mon système domotique
    – En terme de « réparabilité » de la solution, si jamais le RaspberryPi tombe en panne, il me suffit de le remplacer par un autre (cela ne prend que quelques secondes), et c’est reparti !

    Après je ne dis pas que faire tourner domoticz sur le proliant est une hérésie, c’est sûr que cela évitera bien des câbles :)

    Alex

  12. Le suis heureux de lire cet article avec des arguments valables.
    Néanmoins, la problématique que je pose se porte plus sur l’archivage à long terme. Mis à part les professionnels de l’archivage spécialisé, les informaticiens, d’un age souvent jeune ou moyen, n’abordent pas la problématique des données à sauvegarder sur le très long terme. Je prends l’exemple des photos de famille. A 30 ou 40 ans, on voit pas les choses de la même manière qu’à 70 ans… si, si il y a des informaticiens de cet age.
    Le problème est donc:
    – Pour un particulier ou une association;
    – avoir un accès permanent à ses données;
    – faire en sorte qu’elles ne soient pas perdue 10 ou 15 ans plus tard, voire beaucoup plus.
    Votre discussion sur les disques durs magnétiques est trés intéressantes là dessus, je suggère qu’elle soit précisée pour ce cadre.
    Le NAS me semble à priori une bonne solution, tout en sachant qu’il faudra à un moment donné mais par définition éloigné dans le temps, changer complètement d’équipement en raison de l’obsolescence de la technologie qui va le rendre inutilisable beaucoup plus tard.
    A ce jour, la sauvegarde sur support magnétique reste encore la plus fiable dans la durée, les nouvelles technologies ont plutôt démontré ce manque de fiabilité temporelle, comme les disques optiques ou mémoire électroniques. Il faut donc prévoir un transfert global de l’ensemble des données d’un NAS vers un autre équipement dans un avenir relativement grand (10 ans, 15 ans ???).
    je dis tout de suite que l’hébergement chez un fournisseur de ce genre de service n’est pas forcément la solution car par exemple dans une famille, si l’utilisateur principal disparaît, il n’est pas évident que les données et paramètres d’utilisation soient transmises, alors que sur un support comme le NAS, n’importe quel professionnel pourra y avoir accès.
    Je soumet ce commentaire pour suggérer aux professionnels ou techniciens avertis de faire partager leurs réflexions sur cet aspect du problème où la qualité indispensable est la durée dans le temps.
    Le choix des disques durs est ainsi je pense un élément incontournable.
    Très cordialement à tous.

  13. Bonjour,

    merci pour l’article de qualité !
    J’aurai une question: que pensez vous de disques durs avec une vitesse de rotation différente ?
    Est-ce que cela poserait vraiment souci ?

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